Salut à tous et à toutes vaillants gamers,
une petite fan fiction que j'ai écrit cet été. Je vous prie de ne pas me lyncher sur la place publique pour ça, tous mes respects envers Capcom et le perso de Dante
Je sais que ça n'a pas la qualité scénaristique d'un jeu mais c'est pour vous donner une (petite) idée de comment j'écris.
WARMING : Contenu explicitement gore et érotique. Vous êtes prévenus. Sur ce, bonne lecture hein
Devil may cry : Dante et Béatrice La nuit était étrangement calme, paisible. Une mystérieuse et pesante atmosphère l’enveloppait. Une nuit de pleine lune. Pourtant, ce soir-là, Dante était désœuvré et s’ennuyait… mais il ne pouvait pas dormir. Il ne savait pas pourquoi. Ce n’était pas fondamentalement le genre d’homme à se tourmenter, et encore moins de façon métaphysique. Pourtant, cette nuit-là, une angoisse insidieuse et indicible au fond de son cœur l’empêchait de trouver le sommeil.
Comme il en avait eu assez de se retourner maintes et maintes fois dans son lit, de guerre lasse, il vint se planquer dans son bureau multitâches où régnait un désordre sans nom qui lui donnait l’impression d’être chez lui. Le jeune homme n’était là depuis quelques semaines mais pour la première fois il s’y trouvait bien et éprouverait de la peine s’il lui faudrait partir, encore une fois. Il se sentait chez lui, enfin à sa place.
Le quartier était assez paumé, truffé de quelques quidams un peu louches, qui lui lâchaient les basques et ne se mêlaient pas de ses affaires… affaires susceptibles d’éveiller de légitimes soupçons quant à sa probité et qui se terminaient souvent dans un bain de sang. Mais qu’y pouvait-il ? Il tenait ça de son père : ça ne l’excitait pas franchement de voir des démons pulluler parmi les hommes.
Ainsi, il menait une double vie : le jour, il se montrait servile, faisait des jobs miteux dont personne ne voulait pour avoir de quoi survivre, la nuit, il dézinguait du démon, en toute discrétion. Du moins, le plus discrètement possible, car autant au quotidien il savait faire profil bas, autant pour massacrer un démon, il ne faisait pas dans la dentelle. Inutile de dire que sa deuxième vie lui plaisait davantage que la première.
Dante se trouvait donc à son bureau, les jambes croisées et négligemment étendues sur la table, le nez fourré dans un magazine… type moins de 18 ans. Il feignait depuis peu d’avoir un intérêt pour la pornographie puisque ça lui permettait de tenir les éventuels curieux à distance et que cela semblait plus ou moins normal pour un homme célibataire dans la vingtaine d’avoir de l’attrait pour ces choses-là. Or, bien qu’il appréciât la vision de ces demoiselles en très petites tenues voire sans tenue du tout, exhibant un corps pourvu de plantureux atouts, il n’en éprouvait aucune excitation sexuelle ni aucune sorte d’émoi.
Il faisait cela quand il s’ennuyait et quand il n’avait pas envie de parler, pour peu qu’il ne fût pas seul. Or, il était très souvent seul. Son tempérament solitaire et peu accoste l’éloignait du commerce des hommes. C’était tant mieux. Car ça lui laissait le champ libre pour agir ; il n’était en effet pas exclu qu’il se retrouvât à déroger de ses habitudes et à tuer un démon en plein jour, à découvert. Au fond, il se fichait un peu de tout. La seule chose qui lui importait dans la vie, c’était sa croisade contre les démons. Cela lui faisait se sentir utile et accompli. Il ne vivait que pour cela.
Soudain, de faibles mais répétés coups frappés à la porte le tirèrent de sa « lecture. » Il jeta son magazine à terre, se leva d’un bond, l’épée au poing, prêt à en découdre. Qui donc pouvait se présenter à une heure pareille dans sa planque ? Il y avait fort à parier qu’il y avait du démon là-dedans.
L’odeur forte, âcre et entêtante de sang qui lui parvenait ne lui disait rien qui vaille non plus. Il s’empressa d’aller ouvrir. Voilà qui allait pimenter cette nuit ennuyeuse et interminablement longue. Quelle ne fut sa surprise lorsqu’une jeune femme s’écroula dans ses bras, sitôt qu’il eût ouvert la porte, maculée de sang et grièvement blessée, de surcroît.
« Merde, laissa-t-il tomber.
Ce n’était pas le genre de surprises auxquelles il s’attendait, ni de celles qui lui faisaient plaisir... Ni une ni deux, il rangea son arme, chargea la jeune femme sur son épaule et la mena tout droit dans sa chambre. Pas le temps de réfléchir, de regretter, de s’inquiéter, il fallait agir.
Dante la coucha sur son lit avec précaution et s’accorda néanmoins le temps d’observer les dégâts pour agir en conséquence. La blessure semblait profonde et fatale si elle n’était pas soignée rapidement mais pire encore, son observation minutieuse lui permettait de confirmer ce qu’il craignait : elle avait été infligée par un démon. Il devait donc s’en charger puisqu’il s’agissait d’une blessure anormale et que chercher du secours extérieur entraînerait des complications qu’il ne serait certainement pas en mesure d’endiguer… et qui serait vain.
Dante se désinfecta les mains avec sa lotion « anti saloperies de germes démoniques immondes » comme il aimait l’appeler et se prépara au pire. La jeune femme était à peine consciente, marmottait des choses incompréhensibles, délirant sans doute à cause de la fièvre, mais se tenait absolument passive.
Cependant, lorsqu’il entreprit de palper la blessure avec toute la délicatesse dont il était capable, elle s’ébroua d’un coup et retomba inerte sur la couche. Son regard vide mais scrutateur poussa Dante à tenter de lui expliquer la situation et ses intentions. Il se pencha vers elle :
« Ma petite lady, tu es blessée et il va falloir te tenir tranquille car je vais devoir…
Un coup de poing en pleine mâchoire l’interrompit. Sa tête partit en arrière. Cela ne fit finalement que l’effleurer mais il fut surpris par la relative robustesse du coup ; la mâchoire d’un être humain normal aurait sévèrement trinquée, se serait même très certainement démise. Il entendit les phalanges de la jeune femme craquer d’une façon sinistre.
Pour combler le tout, elle commença à se débattre comme un beau diable, ignorant la douleur et le sang qui jaillissait de sa blessure, sous l’effet d’un regain d’adrénaline et d’un instinct de survie qui risquaient de s’avérer fatals. Dante pesta intérieurement, elle allait lui compliquer la tâche et il lui fallait passer à la manière forte… Il l’agrippa par les épaules et la plaqua sur la couche, la coinça entre ses cuisses pour l’empêcher totalement de bouger, s’astreignant à réussir le périlleux équilibre entre délicatesse et fermeté. Hors de question de lui faire mal et de la laisser poursuivre ce manège suicidaire et inutile.
Il riva son regard gris acier dans celui noisette et trouble de la jeune femme qui ne bougeait plus, haletante:
- Je ne te veux aucun mal. Calme-toi. T’agiter ne fait qu’empirer les choses. Tu es venue jusqu’à moi pour une raison que je pense deviner mais cela n’a pas d’importance. Je vais te soigner. Alors laisse-toi faire, ok ?
- Je ne comprends pas de quoi vous me parlez mais lâchez-moi vous…
- Je te lâche à une seule condition : que t’arrêtes de bouger et de foutre du sang partout dans ma chambre et que tu fasses ce que je te dis…
- Cela fait trois conditions mais j’accepte. »
Dante s’écarta aussitôt, un petit sourire en coin, pas fâché de quitter cette position un brin machiste et incommodante. Il prit un chiffon qui traînait, lui épongea le front qui ruisselait d’une sueur moite et maligne, l’enduisit de sa lotion et commença à nettoyer ses plaies.
- Je vous en prie, reprit la jeune femme d’une voix heurtée, dites-moi ce que vous allez me faire…
Il lui jeta un coup d’œil furtif, sans se départir de sa tâche. Son teint blafard et la large fleur écarlate sur sa poitrine faisaient peine à voir :
- Je suis navré, mais ça, ça me regarde. Tu me remercieras plus tard, ma belle. Maintenant, plus un mot. Economise ton souffle. Tu n’as pas d’autre choix que de me faire confiance… Mais je ne te peux te cacher que tu vas souffrir, même si je vais m’efforcer d’être le plus doux possible… Je n’ai rien pour t’anesthésier. Tu peux crier, mais pas trop fort, je ne veux pas être pris pour un assassin et tu peux me serrer le bras si ça te soulage… Courage. Je vais devoir passer aux choses sérieuses. Ferme les yeux et encore une fois : ne bouge pas. »
La jeune femme, épuisée et au bord de l’évanouissement, ne put qu’acquiescer et obéir. Alors elle sentit ses grandes mains se poser sur son ventre et remonter délicatement vers le sternum. Elle retint son souffle, se préparant à davantage de souffrances. Une infime hésitation. Puis éclata dans tout son être une douleur horrible comme lui parvenait la sensation d’être ouverte en deux. Elle s’agrippa à lui avec les forces qui lui restaient pour ne pas ruer, se fit violence pour ne pas hurler. L’air lui manquait. Elle sentit ses mains s’introduire sous sa peau, atteindre sa cage thoracique, effleurer un poumon, tâter et ressouder les os… Elle s’évanouit, dans un cri muet, un spasme incoercible…
…
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle distingua un jeune homme assis à ses côtés, occupé à manger de la pizza, les pieds appuyés avec nonchalance sur le chevet où trônait la boîte à pizza dont s’échappait une odeur de chorizo et de tomate séchée qui acheva de la réveiller. Ainsi était-ce là son sauveur, l’homme qu’elle était venue chercher au péril de sa vie…
Comme il mangeait avec délectation en la pensant sans nul doute encore endormie, elle en profita pour le scruter : c’était un bel homme, grand et fort, bien bâti. Son visage, encadré par une chevelure mi-longue blanche, dénotait la vigueur et la sérénité. Tandis qu’elle l’observait, sans oser ni bouger ni parler, elle vit ses lèvres se fendre d’un sourire amusé.
« Hey babe ! lança-t-il tout à coup la faisant sursauter malgré elle, bien dormi ? Tu es à ton aise ?
A en juger par son air narquois, la jeune femme comprit qu’elle n’avait pas été aussi discrète qu’elle le pensait. Elle ne se laissa pas démonter et s’assit sur le lit, étonnée de ne plus ressentir la moindre douleur.
- C’est vous qui m’avez guéri ?
- Oui.
- Seul ??
Il écarta les bras d’un air désinvolte :
- Comme un homme, oui ! Héhéhé
Son sarcasme la fit sourire, si lui était humain, elle n’était… qu’une boîte à pizzas. Cette pensée ridicule s’accompagna d’un borborygme caractéristique dans son estomac qu’elle espéra inaudible.
- De la pizza ?
Sans attendre de réponse, il lui mit d’autorité la boîte dans les mains, lui refusant le privilège de refuser. La faim qui la tenaillait lui en dissuadait de toute façon. Elle se servit avec plaisir et reconnaissance non sans éprouver une certaine méfiance.
- A mains nues ? poursuivit-elle entre deux bouchées.
- Ben… oui. Mais elles étaient propres, si tu veux savoir ! D’ailleurs si c’est l’hygiène qui te tracasse, fais comme chez toi, il y a une salle de bain en bas, tout à gauche. Car bon, la tenue est offerte, mais pour le reste, ce n’est plus de mon ressort.
Cette remarque, dite avec légèreté, lui fit prendre conscience qu’il l’avait dépouillée des vêtements qu’elle portait, exit la tunique, la ceinture des uzis et les collants stiletto, bonjour le débardeur ocre et le jean noir. Ce constat lui donna plus chaud que de raison et la troubla singulièrement.
- Vous m’avez déshabillé ! lança-t-elle non sans pouvoir contenir son indignation, qu’avez-vous fait de mes habits, sale porc ?
Le jeune homme leva les bras en signe d’impuissance et d’innocence :
- Oh, du calme, babe ! Tu as perdu trop de sang et certains de tes vêtements m’ont entravés lors de mon… opération donc je suis désolé pour les fringues mais ils n’étaient plus viables ! J’ai cru bien faire en t’apportant d’autres habits, qui, je l’espère, sont à ton goût. Ah et désolé, ils sont d’occas’ ! Je ne suis pas riche, c’est le moins que je puisse dire !
- Vous m’avez regardé nue ? enchaîna-t-elle, vous avez…abusé de moi ?
Pour une fois depuis qu’ils se parlaient, le visage du jeune homme laissa transparaître quelque chose qui ressemblait à de la perplexité et à de l’embarras :
- Pas du tout ! Je me suis juste appliqué à ne pas te laisser crever… et pour la tenue ben… J’ai détourné le regard en te changeant… Je ne suis certes pas un saint mais je respecte les femmes…
- Je vois… Votre style de femmes, c’est plutôt le genre femmes faciles et soumises, nues à portée de mains et exposées sans problèmes au regard dans les magazines, non ? C’est là votre conception du respect de la femme en cautionnant ça ? rétorqua-t-elle en brandissant le magazine à caractère pornographique qu’elle venait d’aviser sur le chevet comme elle reposait la boîte à pizzas.
- Pardon ? Je rêve où tu me reprocherais presque de ne pas en avoir profité… Et tu me fais une leçon de moral ? Ha, ha. C’est trop fort ça ! J’adore. Tu es venue à moi au milieu de la nuit, pissant le sang, des os brisés, les entrailles manquant de se barrer… Et tu t’attendais à quoi ? Au prince charmant ? A un boucher ? A un pervers ? Les trois en même temps peut-être, vu la folie humaine ! Tut tut ma belle. Pas de ça avec moi. Tu savais ce que tu faisais, j’en suis certain. Je ne suis pas aussi con que tu le crois, magazine ou pas. Et entre nous, si j’avais voulu et si je voulais te faire du mal, tu le saurais, crois-moi…
- En effet. Je suppose que je devrais vous remercier, monsieur… ?
- Dante.
- Dante…
- Oui… ?
- C’est un nom très beau et unique…
- Comme son propriétaire, sourit-il avec ironie en s’étalant de tout son long sur sa chaise, calant ses jambes sur le lit sans prendre la peine de se déchausser, mais je persiste à croire que tu n’es pas venue pour me conter fleurette sur ma personnalité et mon prénom, je me trompe, mademoiselle… ?
- Béatrice.
Dante croisa les bras sur le dossier et les jambes sur le lit. La jeune femme replia les siennes sur le côté comme si elle redoutait un éventuel contact physique hasardeux.
- Béatrice ! s’exclama-t-il, c’est pas mal non plus ! Cela me plaît. Bon alors, Béatrice, dis-moi tout. On ne vient pas me voir sans raison, pour ma belle gueule. Que veux-tu de moi ? Je t’écoute.
- Dante, il est vrai que je vous dois des explications. Voyez-vous…
- Assez ! Je ne vois rien du tout là. J’en ai ma claque de ce « vous. » Tutoie-moi, je ne suis pas un vieux croulant, bordel !
- Bon, Dante, écoutez…
Elle se tut, confrontée à des yeux gris acier on ne peut plus dissuasifs.
- Eh bien, je suis venue me venger, Dante. Conflit familial, je n’aime pas étaler ma vie donc je n’en dirais pas plus… Mais je veux que tu m’apprennes à me battre ! Je dois dézinguer du démon aussi !
Dante se pencha en avant, les coudes appuyés sur les genoux, plongea son regard perçant dans le sien :
- Cela me semble plutôt excitant, Béatrice, je suis partant. Je sens que l’on va bien s’entendre. En revanche, il va falloir que tu ronges un peu ton frein car même si je t’ai tiré d’affaires, pour que tu sois pleinement rétablie sans dangers, il te faut encore compter une semaine de convalescence. Conclusion : j’espère que tu es bien ici et que tu ne regrettes pas ton choix car il va falloir que tu t’attardes ici, question de vie ou de mort !
Sur ce, le jeune homme se leva et fit mine de vouloir s’en aller.
- Dante, attends ! Je suis prête à accepter toutes tes conditions, c’est en effet une question de vie ou de mort et je n’ai plus nulle part où aller… Que voudras-tu en échange ? De l’argent… du sexe ?
- De l’argent ? J’en aurai besoin mais tu n’en as pas, je le sais. Du sexe ? Ne me prends pas pour plus malsain que je le suis ! Je ne suis pas le genre d’hommes à accepter un tel marché, le corps d’une femme qui s’offre par contrainte… Non, Béatrice. Tu peux faire comme chez toi ici. Tout me va, tant qu’on ne m’emmerde pas. Tu peux même partir si tu le souhaites. Tu fais comme tu veux, je m’en tape. Seulement si tu crèves d’une hémorragie interne ou d’une autre saloperie dans le genre, tu ne pourras pas dire que je ne t’aurai pas prévenue. Ah, et si tu te poses la question, j’ai mis ton sabre et tes flingues en sûreté ! Je te les rendrai au moment venu. Si je peux me permettre un conseil, le sabre démonique rattaché aux collants, c’est un peu moyen…Ok, c’est sexy la cuisse qui se dévoile pour le dégainer, mais personnellement en combat singulier avec moi tu serais morte avant même de pouvoir y porter la main. Sur ce, je te laisse. J’ai du boulot. A tout’ »
Sur ce, il l’abandonna là, médusée et plus que jamais déterminée à accomplir sa mission…
*
Trois semaines plus tard, Béatrice avait pleinement récupéré et montrait des aptitudes pour le combat qui faisaient sourire Dante : « tu n’es pas une novice… mais ça manque encore de jam, babe ! » Ils s’entraînaient de façon endiablée sur du métal en fond et mangeaient tous les jours, à tous les repas, de la pizza. Dante avait avoué et démontré sa totale incapacité à cuisiner et Béatrice ne valait pas mieux… Ainsi, la pizza obtint aisément sa bénédiction.
Béatrice s’entendait étrangement bien avec Dante qui s’avérait beaucoup plus abordable qu’elle ne l’avait estimé au premier abord. Il avait sa part de mystère et d’ombre, une grande gueule et plaisantait facilement. Cela lui convenait. Tout allait donc parfaitement bien hormis le fait qu’elle ne progressait pas assez vite à son goût et que plus restait avec lui, plus elle trouvait Dante… diablement séduisant.
Il n’était pas comme les autres hommes qu’elle avait rencontrés qui se discréditaient assez facilement en ayant des vues bien arrêtées sur elle. La consommation sexuelle achevait par ailleurs, immanquablement, de faire disparaître l’once d’intérêt qui subsistait, si celui-ci subsistait.
Dante ne glissait jamais vers elle de regards lubriques, n’avait aucun geste déplacé et lui parlait de son désir d’éradiquer les démons avec une conviction et une exaltation vives et authentiques qui la rendaient jalouse, le rendaient attachant, désirable. Accomplir ce devoir lui procurait une volupté presque orgasmique, elle le sentait. L’accompagner dans ces virées nocturnes lui donnait la sensation de revivre… Peut-être était-elle vraiment morte cette nuit fatidique où elle avait frappé à sa porte. Morte pour pouvoir renaître, vivre enfin.
Un jour, alors qu’ils se battaient, et que pour la première fois elle avait réussi à prendre le dessus, Dante lâcha son épée, offrit son torse à la lame de son sabre, les bras en croix et lui dit d’un ton sans appel :
« J’ai perdu. Plante-moi.
- Mais tu as perdu la tête ! J’ai perdu maintes fois moi et ben alors je devrais être morte à l’heure qu’il est ! Et si je refuse ?
- C’est moi qui le ferai ! répondit-il d’un ton jubilatoire, allons ne me fais pas marcher ! Tu attends ce moment depuis longtemps ! Puis entre nous, si c’était si facile de me tuer, je ne serai déjà plus là… Allez, Béatrice ! Ne me déçois pas… Plante cette épée dans mon corps, transperce-moi… Pénètre-moi !
Sur ces derniers mots notamment, son sourire s’élargit, ravageur. Il se jouait d’elle, le salaud ! C’était elle qui avait perdu, elle était incapable de lui résister. S’adonnait-il à ce genre de jeux érotiques avec les femmes qui lui plaisaient ou en avait-elle l’exclusivité ? Non, il ne réservait pas à ça à n’importe quelle femme, ça n’avait aucun sens… Il réservait cela à une femme de son étoffe, qui partageait son existence, qui savait qui il était vraiment…
Béatrice retint son souffle, se recula et plongea le sabre en plein dans son cœur, d’un coup sûr et véhément. La moitié de la lame le transperça dans une giclée de sang mais Dante ne frémit pas, resta impassible et souriant, une lueur mesquine dans le regard.
- Plus profond… »
Dante eut comme un étourdissement comme le sabre s’insérait entièrement à travers son corps. Pas un étourdissement de faiblesse, non, un étourdissement de volupté. Il se savait pratiquement immortel mais connaître la jouissance en étant blessé par une femme dont il était tombé amoureux en la voyant elle-même grièvement blessée dépassait son entendement. Lui prodiguer des soins pour la sauver de la mort lui avait donné envie de la protéger, de la chérir. Un amour violent et tendre à la fois pour lequel il pourrait perdre la vie…
Béatrice s’écarta :
- Est-ce que ça va ? Tu es fou, ça va te tuer…
Hilare, le jeune homme l’arracha de son torse d’un coup sec, sans se soucier du sang qui sourdait de la blessure qui déjà se refermait. Il répliqua, frissonnant de plaisir :
- Alors tu es aussi folle que moi, ma chère Béatrice. Ah, je me sens vivant !
- Est-ce que tu as eu…mal ?
- Un peu, oui. Ta lame n’est pas trop mauvaise… Pour tuer un démon de bas étage. »
Elle comprit parfaitement le message et loin de s’en effrayer, elle l’en aima davantage. Ce sourire ironique et craquant… Béatrice sentit ses dernières velléités de résistance s’effondrer… Ils jetèrent leurs armes à terre, haletants. Ils se jaugèrent. L’instant d’après, ils s’étreignaient. L’instant d’après, leurs lèvres se joignaient et leurs langues s’entremêlaient. Puis il ne fut plus question de savoir lequel des deux avait abdiqué en premier ; Dante porta Béatrice sur son lit et puis bientôt seul comptait leurs corps qui se cherchaient, se caressaient, se dévêtaient, s’abandonnaient l’un à l’autre.
…
Lorsque Béatrice se réveilla, elle s’aperçut que Dante l’observait, assis à ses côtés, un sourire équivoque flottant sur ses lèvres. Elle remarqua également avec un certain déplaisir qu’il avait déjà enfilé un pantalon, ce qui constituait un obstacle à la contemplation de son corps et une barrière, bien qu’assez dérisoire, au toucher.
- Bien dormi, ma beauté ?
- Je crois que tu m’y as bien aidé, my lord.
Béatrice repoussa les couvertures et s’étira comme un félin, adopta des poses lascives, ravie d’exhiber sa nudité conquise à son amant. Mais le jeune homme n’y prêta pour ainsi dire aucune attention et affecta même de bailler :
- Quand tu auras fini de jouer, j’aimerais te parler. »
Son sérieux, la contraction involontaire et convulsive de ses mâchoires, son ton froid et sans appel l’inquiétèrent.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Je devrais te poser la même question. C’est donc ça ton conflit familial… ?
- De… quoi ? De quoi tu me parles ?
- Alors ma petite succube, ça t’as fait quoi de te sauter le fils de Sparda ? C’était bon ?
- Co… Comment ? Dante, je ne comprends pas… »
Là-dessus, il sauta sur elle, l’immobilisa et appuya la lame de son épée sur sa gorge, au point qu’une goutte de sang perla sur sa peau.
- Fini de jouer, gronda-t-il, comme tu le vois, je n’ai plus envie de rire et je suis même plutôt en pétard ! Donc je te conseille de déballer ton sac et vite… Car vois-tu, il n’est pas exclu que je te bute, même si j’avoue avoir passé du bon temps avec toi.
- Dante… Je ne t’ai pas menti en parlant de conflit familial. Seulement je ne suis pas venue dans l’absolu pour m’entraîner car je savais déjà me battre… Je suis venue pour te tuer…
- Bingo !
- Bingo ?
- Ouais. Je n’avais jamais cru à tes salades. Je me doutais bien que tu étais venue plus spécifiquement pour moi. Certains démons me font l’honneur de se présenter à moi avant que je vienne les chercher, ce qui est plutôt flatteur. Continue, ma belle. Je suis toute ouïe.
- Je voudrais d’abord savoir comment tu sais que je suis un succube, ce que tu as deviné…
Dante fit claquer sa langue d’un air agacé et vint intercaler sa main entre ses cuisses pour les écarter. Il sourit malgré lui lorsque la jeune femme se cambra à ce contact. Béatrice laissa échapper un soupir : ce bougre-là avait vraiment le don de la rendre folle…
- Là, tonna-t-il en montrant un petit tatouage en forme d’étoile à cinq branches violacé dissimulé dans un recoin de sa cuisse près de la fente de ses parties intimes. Ce symbole signifie une union sexuelle et maritale à vie entre un succube et un vulgaire incube, union conclue dès l’enfance généralement, pour des histoires à dormir de debout de succession et de pouvoir dont je me tape... Comme tu vois, les magazines licencieux ne sont pas ma seule source de culture.
Il retira sa main et resserra son emprise sur l’épée.
- Hum… Tu es un fin connaisseur et observateur à ce que je vois… Je suis effectivement l’épouse de Doom, qui, assez fâché des dégâts que tu as fait dans la famille, m’avait envoyé pour te tuer… Et suite à une dispute violente avec celui-ci, je suis arrivée chez toi cette fameuse nuit dans l’état que tu sais…
- Ouais. Il doit être sacrément con mais pas tant que ça puisque je…
- Tu... ?
- Tut tut c’est moi qui mènes la danse maintenant. Pourquoi ne l’as-tu pas fait ?
Sa main avait tremblé ; c’était à peine perceptible car Dante jouissait d’un grand contrôle de lui-même mais cela n’échappa pas à l’œil exercé de Béatrice.
- Dante, si tu me soupçonnais ainsi… Pourquoi m’as-tu fait l’amour ?
- Parce que j’avais envie de toi et j’avais l’impression que c’était réciproque. Mais tu n’as pas répondu à ma question et je…
- Dante, tu n’es pas obligé de jouer les indifférents comme ça. Je te connais suffisamment pour savoir que tu n’es pas le genre d’hommes à coucher par simple appétit sexuel malgré tes magazines douteux. C’est d’ailleurs ce qui me plaît chez toi. Qu’importe le sort que tu me réserves, au fond je t’ai inspiré bien plus que ça…
Dante ne broncha pas mais imperceptiblement, la lame se recula de sa gorge offerte.
- En quoi ce que je ressens t’importe-t-il ?
- Tu es un demi-démon absolument craquant et bien informé mais tu omets un détail : les succubes, malgré leur frivolité supposée, sont également capables d’amour… Tu vois où je veux en venir ?
Dante ne répondit pas et se contenta d’abaisser son arme et de la ranger. Béatrice continua :
- Je suis tombée folle de toi depuis le soir où tu m’as sauvé la vie. Libre à toi de me croire ou non, j’ai tout d’abord pensé à résister les premiers jours pour accomplir ma mission puis j’ai abdiqué… Je sais que c’est signer mon arrêt de mort mais ça m’est un peu égal… J’aurais connu l’amour entre tes bras…
Dante éclata de rire et ne put résister au désir de l’enlacer ainsi, nue et frissonnante :
- Tu as raison : j’attendais ma Béatrice. J’ai tant d’amour à te donner ! Je vais te faire oublier ce connard que je prendrai un malin plaisir à buter… Mais là, tout de suite, j’ai encore envie de jouer à la bête à deux dos…
Il se leva et d’un revers de main, se débarrassa de son pantalon et de son caleçon qu’il envoya promener dans la chambre, tout entier secoué d’un rire enthousiaste et tonitruant :
- Je me débarrasse de ces fringues encombrantes et je suis à toi…»
Il la rejoignit dans le lit où Béatrice l’accueillit à bras ouverts.
…
Mais Béatrice finit par tomber malade. Elle dépérissait d’un mal inconnu, ce qui rendait Dante fou d’impuissance et de rage. Et elle refusait qu’il partît tuer Doom, son satané époux, par-dessus le marché…
- Tu dois me laisser repartir, Dante… Rejoindre mon mari…
- Jamais !
- Dante… Tu es peut-être plutôt bien informé mais tu ne savais pas tout : le pacte suprême du sang a été également perpétré…
- Oh bordel !
- De force. J’avais à peine quatorze ans. Il m’a traîné par les cheveux, m’a violé et m’a forcé à boire son sang…
Dante serra les mâchoires et les poings. Il fulminait. Ce qui n’ôtait rien à son charme. Au contraire.
- Dois-je comprendre que je ne peux pas te garder ici plus longtemps sans que tu meures, articula-t-il, que je ne peux le tuer sans entraîner ta mort ?
- Oui… »
Là-dessus, Dante éclata. Dans son état fiévreux et presque comateux, Béatrice l’entendit hurler de colère et de douleur d’une façon inhumaine et entrevit des objets voler dans tous les sens…
Mais le jeune homme demi-démon se résolut également avec une grande force morale à accepter la vérité. Après une nuit entière de carnage où il cassa pour ainsi dire un peu tout chez lui (il ne possédait déjà pas grand-chose) et où il tua maints démons avec une ardeur redoublée, le lendemain matin, il consentit à laisser partir Béatrice…seule. Une objection lui vint cependant comme ils s’enlaçaient :
- Tu es sûre qu’il ne va pas tenter de te tuer en apprenant que tu n’as pas exécuté ta mission ?
- Oh non. Il est trop égoïste et attaché à sa propre vie pour ça… En revanche, il voudra quelque chose de très précis qui me permettra également de guérir…
- Quoi donc ? fit-il en s’écartant et en la toisant malgré lui d’un regard farouche.
Il n’aimait pas le ton sur lequel elle avait dit cela. Un autre coup foireux s’annonçait… Un coup bien rude. Encore. La jeune femme se troubla et ne dit mot. De mieux en mieux. L’impatience et une certaine détresse affluèrent en lui avec brutalité ; ses poings se serrèrent convulsivement et une lueur redoutable s’alluma dans son regard.
- Dis-moi. Il n’est pas exclu que je vous bute tous les deux. Votre couple mélodramatique me porte sur les nerfs.
Son ton acerbe et son ironie cruelle blessèrent Béatrice. Elle répondit d’un air de défi, le regardant droit dans les yeux :
- Il me faudra coucher avec lui et je le ferai avec plaisir. Doom est un bien meilleur coup que toi.
« Il va me tuer.» pensa-t-elle aussitôt après avoir proféré ses mots, avec un mélange confus de résignation et de délectation.
Dante resta impassible mais son regard était terrifiant. Il porta instinctivement la main à son arme, caressa la lame de façon à ce qu’elle lui blessât la main jusqu’au sang. Il se détourna, affecta de s’en éloigner, répondit par-dessus son épaule, d’un ton enjoué un peu brusque et faux :
- On se voit en Enfer ! »
Cependant, ce qui s’annonçait comme un adieu n’en fut pas un. Trois mois s’écoulèrent dans un étrange sentiment de torpeur pour l’un comme pour l’autre mais Béatrice revint. Tout naturellement, ou presque. Elle le rejoignit au beau milieu d’un combat, le secondant avec l’aisance d’une vieille et délicieuse habitude.
Lorsqu’ils vinrent à bout de leurs ennemis, Dante la plaqua contre un mur, leva son épée. Béatrice ne pouvait et ne voulait pas se dégager ; elle vit la lame étinceler d’une façon menaçante et ferma les yeux, prête à accueillir la mort. Mais Dante trancha et jeta la cape qui la dissimulait d’un geste à la fois impétueux et négligent. Sa voix, cocktail explosif de diverses émotions contenues depuis longtemps, retentit dans la nuit :
- Qu’est-ce que tu fous là, Béatrice ?
- Je suis venue te retrouver…
- Suis-moi. Nous discuterons mieux chez moi, je pense… »
Arrivés chez lui, dans sa chambre, seul le bruit mat de leurs vêtements qui tombaient sur leur sol, de leurs gémissements soutenus, de leurs corps entrelacés qui basculaient sur le lit perça le silence. Leur étreinte se fit d’abord tendre puis de plus en plus intense. Ils firent l’amour sans hâte mais avec une vive ardeur, presque désespérée, jusqu’au matin.
…
Cependant, dès le lendemain, malgré leurs retrouvailles éperdues, Dante imposa bien vite une grande distance entre eux. Il lui parlait très peu et ne la touchait plus. Il la laissait se coucher à ses côtés mais ne tolérait pas qu’elle le touchât. D’ailleurs, elle y avait renoncé bien vite. Son regard glacial l’en dissuadait aisément.
Pendant quelques jours, Béatrice accepta la situation puis se décida à lui parler comme ils étaient couchés et qu’il affectait de « se cultiver » avec un de ses magazines favoris :
« Qu’est-ce qui se passe, Dante ?
- …
- Tu m’en veux ?
- …
- Pourquoi me tiens-tu à distance ? Pourquoi… me repousses-tu ?
- …
- Pourquoi ne me fais-tu plus l’amour ?
- Parce que je n’en ai plus envie.
- Ton attitude et ton silence me font mal, Dante…
- Les succubes peuvent-ils éprouver de la douleur ? persifla-t-il sans lever le nez de son magazine.
- Oui ! s’écria-t-elle.
C’était un cri du cœur. Dante jeta son magazine, la saisit par le bas du visage, plongea son regard tranchant dans le sien comme un coup de poignard :
- Et les démons à ton avis ? Les démons de mon espèce peuvent-ils souffrir ?
- Dante…
- Je te laisse vivante et te tolère ici parce que je t’aime. Mais sache que j’ai également très envie de te tuer. De vous tuer tous les deux. Comme tu vois, j’essaie de prendre mes distances pour ne pas faire quelque chose que je pourrai regretter…
- Dante, tue-moi si tu veux… »
Il lui relâcha le menton, l’attrapa par les épaules et l’étendit de tout son long sur la couche. Au dernier moment, comme leurs lèvres allaient se toucher, il se redressa d’un coup et sortit du lit avec vivacité.
- Je te laisse, jeta-t-il sans sourciller.
Et il quitta la chambre en sifflant avec ostentation. Béatrice ne dormit pas de la nuit.
Deux semaines s’écoulèrent ainsi dans le silence lourd de cris muets et l’affliction. Un soir, comme il s’apprêtait à la quitter de la même façon, ses sanglots l’arrêtèrent sur le pas de la porte. Il s’agrippa à l’encadrement en bois du seuil, lutta contre lui-même. Il serra les dents. Il avait très envie de l’ignorer, de s’isoler, de se replier sur lui-même de manière viscérale telle une bête à l’agonie mais il ne pouvait supporter cette manifestation de son chagrin. Cela lui lacérait le cœur.
- Pourquoi pleures-tu ? demanda-t-il d’une voix rauque.
- Les succubes peuvent pleurer lorsqu’ils souffrent d’être séparés d’un être aimé…
- Béatrice…
- Je n’ai jamais aimé mon époux. C’est toi que j’aime. Je n’ai jamais voulu abusé de toi ni conclure ces terribles rites auxquels je suis prisonnière… Pourquoi me fuis-tu ainsi ? Tu n’en laisses quasiment rien paraître, car tu es très fort, fils de Sparda, j’admire cette force mais je sais que tu souffres de cette situation autant que moi et même bien plus… Je t’en prie, parle-moi…
Dante fit volte-face, le visage dur et tourmenté :
- Je suis habitué à la solitude et au contrôle de mes émotions. Je n’avais jamais eu besoin de personne…avant toi. Quand tu es partie, je me suis dit que cela devait effectivement s’arrêter là… Que je préférais que tu me quittes plutôt que d’avoir à te regarder mourir pour que tu m’appartiennes… Je n’ai jamais voulu te partager avec cet autre, cette simple idée me rend malade. Lorsque tu es revenue, je t’ai prise encore, désespérément, caressant encore aveuglément l’illusion de t’avoir toute entière… Sentir son odeur sur ta peau, son empreinte dans ton âme a bel et bien corrompu mon amour… Je t’aime autant que je te hais. Je ne veux plus que tu restes ici, avec moi. Ta présence me supplicie. Je préfère souffrir, seul…
- Dante, ne me laisse pas… Rends-moi ma liberté, je t’en supplie… »
Elle vint l’enlacer mais Dante lui tourna de nouveau le dos et resta les bras croisés, rigide :
- Que veux-tu de moi, Béatrice ? Que peux-tu donc espérer de moi si ce n’est la mort ? Mais je refuse de te tuer… Pars.
Sans répondre, elle parsema son dos, ses épaules et sa nuque de baisers doux et languides. Il ne réagit pas mais elle sentit son grand corps puissant frémir, se relâcher sous ses assauts voluptueux.
- Tue mon mari, lui murmura-t-elle au creux de l’oreille qu’elle taquina bientôt de sa langue.
Les lèvres de Dante vinrent avec fougue sceller cette requête.
*
Doom était très beau et détenait une force supérieure au commun des mortels mais n’était qu’un démon de bas étage, voilà tout ce que Dante pensa en l’affrontant et en le regardant agoniser à ses pieds mais pourtant, il lui ravissait Béatrice, son premier amour. Béatrice, un succube uni par les liens du sang et de l’âme à Doom, devait périr dans quelques heures puisque sa psyché, rattachée à celle de Doom, allait la quitter pour rejoindre celle de son défunt époux dans la mort, telle était sa malédiction dont elle ne pouvait se libérer. La condition de ce mariage diabolique : si l’un des époux mourrait, l’autre aussi, dans les affres d’une longue et terrible agonie…
« Dante… Dante… Dante…Je ne vois plus rien… Ne me laisse pas… »
- Je suis là, ma chérie… Je suis là.
Il l’avait déposé sur sa couche comme au temps où ils faisaient tendrement l’amour jusqu’au bout de la nuit. Les mains douces, chaudes et fermes de son amant enserraient son visage et cela constituait un réconfort, un dernier vestige du bonheur partagé avec lui. Un des premiers sévices de sa trahison envers son mari et de la malédiction était de perdre la vue. Les autres consistaient à perdre toute sensation dans les membres, de sentir les tissues organiques mourir les uns après les autres dans la douleur…
- Oh Dante, fils de Sparda, j’aimerais pouvoir contempler ton beau visage une dernière fois… Je suis désolée de t’avoir fait subir le fardeau de ma malédiction… Tu es très puissant mais tout ton pouvoir ne peut rien pour moi…Tu dois céder, me laisser partir…
- Je sais, l’entendit-elle soupirer, j’essaie… J’essaie… De soulager ta souffrance, de la partager. Je ne supporte pas de te voir souffrir ainsi et de ce que je sens, ce n’est pas un calvaire que tu mérites…
Sa belle voix dénotait une douleur sourde mais contenue. Béatrice sentit quelque chose de chaud et de liquide tomber sur son visage. Elle tendit le bras pour toucher sa joue qu’elle découvrit humide :
- Tu pleures, Dante ? Les démons ne pleurent jamais…
- Tout est de ma faute, Béatrice. Je n’aurais jamais dû te ravir à lui. Je n’aurais jamais dû le tuer. J’aimerais pouvoir te sauver… J’ai été égoïste, je suis un monstre, je suis…
- Non, Dante, mon bel amour, ne dis pas cela. Tu ne peux pas t’en vouloir de m’avoir aimée. Tu n’es pas un monstre. Tu n’es pas un démon ordinaire ; tu as un cœur pur, valeureux et bon et tu es capable d’aimer… Et en cela, tu es plus humain que n’importe quel homme. Mon mari l’était, me privait de ma liberté à cause de ce maudit rite perpétré à ma naissance et détenait un harem de succubes qu’il maltraitait et qu’il considérait comme des esclaves sexuelles pour satisfaire ses odieux appétits… Il méritait la mort… Je te remercie de m’avoir libérée, de ta bonté, de ton amour…
- Béatrice… Comment puis-je vivre sans toi ?
- Dante, promets-moi de ne pas tenter de me rejoindre dans la mort. Tu tiens de ton père et les démons qui pourrissent ce bas monde te répugnent. Fais de ton combat contre eux le centre de ton existence ; tu peux développer un commerce autour de cet objectif, je suis sûre que ça fonctionnera. Cela ne sera pas toujours facile mais cette quête en vaut le coup. Tu ne seras pas toujours seul, Dante. Tu rencontreras des personnes à ta hauteur qui te seconderont dans ta mission, fais-moi confiance. Promets-le-moi.
- Je te le promets.
- Adieu, Dante… Merci encore… »
Comme elle s’éteignait, Dante cueillit son âme d’un dernier baiser. Elle expira. Quelques secondes plus tard, son corps s’évapora.
Quelques jours plus tard, Dante fit de sa chasse aux démons un commerce véritable qui devint plus ou moins fructueux. Pour se distraire de sa peine, être encore plus efficace et en souvenir de sa bien-aimée, il mit au point deux armes à feu redoutables qu’il appela avec affection ivory et ebony.
une petite fan fiction que j'ai écrit cet été. Je vous prie de ne pas me lyncher sur la place publique pour ça, tous mes respects envers Capcom et le perso de Dante
Je sais que ça n'a pas la qualité scénaristique d'un jeu mais c'est pour vous donner une (petite) idée de comment j'écris.
WARMING : Contenu explicitement gore et érotique. Vous êtes prévenus. Sur ce, bonne lecture hein
Jeu 15 Nov - 20:24
Oui je comprends que ça peut être surprenant un tel avertissement mais pour le coup je me devais de préciser qu'il y a des scènes à caractère sexuel. Après je n'ai pas du tout une vision lubrique de la chose ; et j'emploie le mot "érotique" pour évoquer un rapport sexuel tendre et fait avec amour. C'est ainsi que je le conçois et que je l'expose. 
